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qu’elle arrive d’elle-même et spontanément, comme l’indique l’étymologie seule du mot grec, quand cette chose même a été vaine ; et, par exemple, une pierre en tombant a blessé quelqu’un ; mais sa chute n’avait pas pour but de porter un coup, et l’on dit alors que cette pierre est tombée spontanément et fortuitement, pour distinguer ce cas de celui où la pierre aurait été lancée par quelqu’un, avec intention de blesser une autre personne.

C’est surtout dans les choses qui se produisent par le fait seul de la nature qu’on pourrait distinguer le hasard et la spontanéité. Ainsi, quand un phénomène a lieu contre les lois de la nature et qu’il est monstrueux, nous disons bien plutôt qu’il est spontané, que nous ne disons qu’il vient du hasard. Le hasard suppose toujours une cause extérieure ; le spontané suppose toujours une cause interne. Ceci doit faire voir assez nettement les différences que l’on met vulgairement entre la spontanéité et le hasard. Mais, quant à leur mode d’action, il faut les ranger l’un et l’autre parmi les causes motrices ; car ils sont causes de phénomènes naturels ou de faits qui tiennent à l’intelligence, et dont le nombre est illimité. Mais, comme le hasard et le spontané sont causes de phénomènes que la nature et l’intelligence pourraient également produire, et que le hasard et le spontané se montrent là où l’intelligence et la nature n’agissent qu’accidentellement et d’une façon détournée ; comme, en outre, l’accidentel ne peut être antérieur et supérieur à ce qui est en soi, il est clair aussi que jamais la cause accidentelle ne peut être supérieure à la cause essentielle. Donc la spontanéité et le hasard ne viennent qu’après l’Intelligence et la nature : et si l’on allait jusqu’à concéder que le hasard peut être