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proprement dit, n’est jamais rapporté qu’aux êtres qui peuvent avoir un hasard heureux, du bonheur, en d’autres termes, une activité ; de même qu’il ne peut jamais non plus concerner que les choses où l’activité est possible. Ce qui le prouve, c’est que la prospérité, c’est-à-dire les événements très favorables qu’amène le hasard, se confond avec le bonheur, ou du moins s’en rapproche beaucoup. Or, le bonheur est une activité d’un certain genre, une activité qui réussit et qui fait bien. J’en conclus que les êtres auxquels il n’est pas permis d’agir et qui n’ont aucune activité propre, ne peuvent rien faire non plus qui soit justement attribuable au hasard. C’est là ce qui fait qu’on ne peut pas dire que l’être inanimé, la brute ou même l’enfant, agissent par hasard, parce qu’à différents degrés ils sont privés du libre arbitre et de la préférence réfléchie dans leurs actes. Quand donc on emploie pour ces trois ordres d’êtres les expressions de bonheur et de malheur, ce n’est que par une simple assimilation plus ou moins lointaine. Cela rappelle le mot de Protarque, qui prétendait que les pierres qui entrent dans la construction des autels sont heureuses, parce qu’on les adore en même temps que les Dieux, tandis que les autres pierres, qui sont cependant toutes pareilles, sont foulées aux pieds. Mais d’une manière tout à fait indirecte, ces êtres que je viens de nommer peuvent par hasard souffrir, si ce n’est produire, quelqu’action, quand on fait par hasard quelque chose qui les concerne ; mais en un sens autre que celui-là., il n’est pas possible qu’ils agissent ou qu’ils souffrent par l’effet du hasard.

Quant à la spontanéité, on peut l’appliquer aux animaux différents de l’homme et jusqu’aux êtres inanimés.