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On donne parfois, au hasard, le caractère même des choses qui surviennent. Si c’est un événement heureux, on dit que le hasard est heureux ; et on dit qu’il est malheureux, si c’est un malheur qui survient. Si les choses sont de peu d’importance, on garde le mot de hasard ; mais si elles prennent quelque grandeur, on ne parle plus de hasard, mais on parle de prospérité un d’infortune. Parfois même, sans que la chose se réalise, mi emploie le mot de prospérité et d’infortune, s’il s’en est très peu fallu qu’elle ne se réalisât. On voit alors le mal ou le bien comme s’ils étaient déjà réalisés ; et quand il s’en manque de si peu, on peut croire qu’il ne s’en manque absolument de rien. D’ailleurs, on a toute raison de dire que la prospérité est inconstante ; car le hasard lui-même est essentiellement inconstant ; et rien de ce qui vient du hasard ne peut être ni toujours, ni même dans la majorité des cas.


VI.


J’ai promis plus haut de comparer le hasard et le spontané ; je reviens à ce sujet ; et je répète que le hasard et le spontané, ou, en d’autres termes, ce qui se produit tout seul et de soi-même, sont tous deux des causes indirectes et accidentelles pour les choses qui ne peuvent être ni toujours absolument, ni même le plus habituellement, et parmi ces choses pour celles qui peuvent être regardées comme se produisant en vue d’une certaine fin. La différence entre le hasard et le spontané qui se produit de soi-même, c’est que le spontané est plus compréhensif ; car tout hasard est du spontané, tandis que le spontané n’est pas toujours du hasard. En effet, le hasard