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ces déductions pressées que la science exige. On est beaucoup moins austère quand on discute avec des amis, qu’on ne doit l’être quand on se place seul face à face avec la vérité. Les dialogues platoniciens n’en sont pas moins persuasifs ni moins utiles. Mais ils sont une exception, comme Socrate lui-même en est une dans l’humanité entière. Ils sont faits pour charmer et instruire perpétuellement les esprits les plus nobles et les plus délicats. Mais il serait périlleux de les prendre pour modèles, et une simple imitation ne serait pas assez sérieuse pour le service de la science. De nouveaux dialogues ne seraient acceptables pour elle qu’a la condition d’un nouveau Socrate interprété par un autre Platon.

Aristote a bien senti cette difficulté, et tout en conservant une borine partie des idées de son maître, il les a transformées. Nous en retrouverons un grand nombre dans sa Physique ; mais l’expression en sera tout autre, et elles y paraîtront neuves tant elles y seront changées, bien que le rond soit resté à peu près le même. Ce procédé d’Aristote se répète dans bien d’autres de ses ouvrages ; sa politique et sa morale par exemple, ne sont guère que les échos de la morale et de la politique platoniciennes ; sa logique, sa métaphysique, malgré bien des différences,