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qu’il aurait pu cependant avoir ; c’est donc accidentellement qu’y étant allé, il y a fait ce qu’il fallait pour recouvrer la somme qui lui était due, au moment qu’il a vu celui qui la lui devait. Rencontrer son débiteur en ce lieu, n’était pour le créancier, ni un acte ordinaire, ni une nécessité, Dans cette occurrence, la fin, c’est-à-dire le recouvrement de l’argent, n’est point une de ces causes qui ressortent nécessairement du fond même de la chose ; c’est simplement un acte de réflexion et de choix qu’on pouvait faire ou ne pas faire ; et, par rapport à cette fin, on peut dire que le créancier est allé par hasard au marché. S’il y était allé de propos délibéré et pour cet objet spécial expressément, soit qu’il y allât toujours, soit qu’il y allât le plus ordinairement pour recouvrer sa dette, on ne pourrait plus dire que c’est par hasard qu’il y est allé cette fois là.

On peut donc définir le hasard : une cause accidentelle dans celles de ces choses visant à une fin qui dépendent de notre libre arbitre. C’est là comment le hasard se rapporte au même objet que l’intelligence, tout différent qu’il est ; car, partout où il y a choix et délibération réfléchie, il y a intervention de l’intelligence. Ainsi, les causes qui produisent les effets attribués au hasard sont nécessairement indéterminées ; et cela donne à croire que le hasard est une de ces choses indéfinissables qui restent profondément obscures aux regards de l’homme. C’est là ce qui fait aussi qu’on est porté à soutenir que rien ne peut venir du hasard ; et les deux opinions peuvent se défendre, toutes contraires qu’elles sont, parce qu’elles reposent toutes deux sur des fondements purement logiques. A un certain point de vue, un fait vient du hasard