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réfléchie et intention ; tantôt il n’y en a point ; mais dans tous on peut voir qu’ils sont faits en vue d’une certaine fin. Par suite, on peut admettre que, même parmi les choses qui sont contraires au cours nécessaire et ordinaire des choses, il y en a qui ont un certain but. Or, les choses ont un but toutes les fois qu’elles sont faites par l’intelligence de l’homme ou par la nature ; et si les choses de ce genre arrivent accidentellement ou indirectement, c’est alors au hasard que nous les rapportons.

De même, en effet, que l’être est ou en soi ou accidentellement, de même aussi la cause peut être ou en soi ou simplement accidentelle et indirecte. Par exemple, la cause en soi de la maison, c’est l’être capable de construire les maisons ; mais la cause indirecte, c’est le blanc ou le musicien, si l’on dit de l’homme qui l’a bâtie qu’il est musicien ou qu’il est blanc ; car ce ne sont là que des accidents par rapport à la construction de la maison. La cause en soi est toujours déterminée et précise ; il n’y en a qu’une pour un effet ; mais la cause indirecte et accidentelle est indéterminée et infinie ; car un être peut avoir une infinité d’attributs et d’accidents. Je le répète donc : lorsque parmi les choses qui peuvent avoir une fin, il s’en produit une accidentellement et indirectement, on dit alors qu’elle est fortuite et spontanée. Plus tard nous expliquerons la différence que peuvent présenter ces deux termes ; mais, pour le moment, nous nous bornons à dire, que tous deux s’appliquent à des choses qui peuvent avoir une fin et un pourquoi. Par exemple, un créancier serait bien allé au marché pour en rapporter son argent, s’il avait pu croire qu’il y trouvât son débiteur ; mais il y est allé sans avoir cette intention