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Il y a d’autres philosophes, tout au contraire, qui rapportent formellement au hasard seul tous les phénomènes que nous observons dans le ciel et dans le monde. A les entendre, c’est le hasard qui a produit la rotation de l’univers et le mouvement, qui a divisé et combiné les choses de manière à y mettre l’ordre que nous y voyons en l’admirant. Mais, c’est surtout ici qu’il faut s’étonner. Voyez, en effet, quelle contradiction : d’une part, on soutient que les plantes et les animaux ne doivent point leur reproduction au hasard, et que la cause qui les engendre est ou la nature ou l’Intelligence, ou tel autre principe non moins relevé, attendu que les choses ne sortent pas indifféremment de tel ou tel germe, et qu’ainsi de l’un sort un olivier, tandis que de l’autre sort un homme ; et, d’autre part, on ose avancer que le ciel et les choses les plus divines, parmi les phénomènes visibles à nos sens, ne sont que le produit tout spontané du hasard, et que leur cause n’est pas du tout analogue à celle qui fait naître les plantes et les animaux ! Mais, en admettant même qu’il en soit en ceci comme le disent ces philosophes, cette théorie, ainsi présentée, mérite qu’on s’y arrête et qu’on en parle un instant pour en dévoiler les contradictions. En soi, elle est insoutenable ; mais il est bien plus absurde encore de la défendre, quand on voit soi-même que rien dans le ciel ne se produit au hasard et irrégulièrement, tandis qu’au contraire il y a beaucoup d’effets du hasard dans l’organisation des animaux et des plantes, d’où l’on veut cependant que le hasard soit tout à l’ait exclu. Il nous semble qu’il faudrait précisément se former des opinions contraires, et qu’il y aurait lieu de bannir le hasard du ciel où il n’est jamais, et de le reconnaître