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profondément les causes de la génération et de la destruction des choses, n’en aient pas dit un seul mot ; et l’on en conclut que ces sages n’ont pas admis que le hasard fût une cause, et que rien pût, jamais venir du hasard.

J’avoue que ce silence même des anciens sages est fait pour étonner ; et à tout moment on parle dans le langage ordinaire de choses qui se produisent et qui existent par l’effet du hasard et tout spontanément. On sait bien qu’on peut rapporter chacune de ces choses à quelque cause ordinaire, comme le veut cette maxime de la sagesse antique qui nie le hasard ; et pourtant tout le monde dit sans cesse que certaines choses viennent du hasard, et que d’autres n’en viennent pas. Il eût donc été bon que de façon ou d’autre ces sages dont nous venons de parler examinassent ces questions. Mais personne parmi eux n’a supposé que le hasard fût un de ces principes dont ils se sont tant occupés, la Discorde ou l’Amour, le feu ou l’air, l’Intelligence on tel principe analogue. Il y a donc lieu de s’étonner, ou que les anciens philosophes n’aient pas admis le hasard, ou que s’ils l’admettaient ils l’aient si complètement passé sous silence. Ce n’est pas que plus d’une fois ils n’en aient fait usage dans leurs théories ; et c’est ainsi qu’Empédocle prétend que l’air ne se sécrète pas toujours dans la partie la plus haute du ciel, mais qu’il se sécrète aussi au hasard et n’importe où. Il dit en propres termes :


" L’air alors court ainsi, mais souvent autrement. "


Ailleurs il dit encore que presque toutes les parties des animaux sont le produit d’un simple hasard.