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et que l’une soit antérieure ou postérieure à l’autre. Ainsi le médecin et l’homme de l’art sont subordonnés entre eux ; ils causent tous deux la santé ; mais le médecin en est la cause immédiate, tandis que l’homme de l’art, genre auquel appartient le médecin, en est une cause plus éloignée. De même, dans l’harmonie, c’est le double et le nombre qui sont causes de l’octave ; mais le double en est la cause prochaine, tandis que le nombre, genre auquel appartient le double, est la cause postérieure ou antérieure. C’est, comme on le voit, le rapport général des contenants à tous les objets particuliers qu’ils embrassent. A cette différence d’antériorité et de postériorité en succède une autre, selon que les causes sont directes ou indirectes et accidentelles. Ainsi, c’est autrement que Polyclète est cause de la statue, et que le statuaire en est aussi la cause. Polyclète est un accident du statuaire qui pouvait avoir un tout autre nom, et Polyclète n’est que la cause accidentelle, tandis que le statuaire est la cause directe, la cause en soi. Sous ce rapport, on peut encore remonter plus haut et appeler causes aussi les genres supérieurs où l’accident est impliqué ; et c’est ainsi qu’un pourrait dire que l’homme est cause de la statue, puisque Polyclète et le statuaire sont hommes. On pourrait même, si l’on voulait, aller plus haut que l’homme, et dire que la cause de la statue c’est l’être vivant, genre auquel appartiennent l’homme, le statuaire et Polyclète. C’est qu’il y a eu effet des accidents qui sont plus éloignés ou plus rapprochés les uns que les autres, et l’on pourrait, par exemple, dire encore ici que c’est l’homme blanc ou le disciple des Muses qui est la cause de la statue. Mais ce serait aller chercher bien