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les plus évidentes de toutes, La cause matérielle est peut-être la plus fréquente ; et c’est ainsi que dans l’alphabet les lettres sont causes des syllabes ; que la matière est cause des objets que l’art fabrique ; que le feu et les autres éléments sont causes des corps qui en sont composés ; que les parties sont causes du tout, et que les propositions sont causes de la conclusion qu’on en tire. Toutes ces causes sont causes en tant que la chose en vient et en est formée. Ainsi les quatre causes sont : ou le sujet et la matière de la chose, comme les parties relativement au tout : ou l’essence de la chose, comme le tout relativement aux parties, la combinaison qui les réunit, la forme qu’elles reçoivent ; ou l’origine de la chose, le principe du changement en elle, soit mouvement, soit repos, comme le germe d’où sort la plante, le médecin qui ordonne une potion salutaire, le conseiller qui pousse à agir ; ou enfin, et en quatrième lieu, le pourquoi et la fin des choses, en d’autres termes le bien de tout le reste ; car le pourquoi a droit d’être regardé comme ce qu’il y a de meilleur dans les choses, et comme la fin de tout ce qui s’y rapporte et s’y subordonne. Quand je dis que le bien est la fin de tout, il importe peu que ce soit effectivement le bien ou ce que nous prenons pour le bien, d’après l’apparence qui nous frappe. Telles sont les causes diverses, et telle est le nombre de leurs espèces.

A ces quatre causes, il faut joindre les nuances qu’elles peuvent présenter, mais qui ne sont pas aussi nombreuses qu’on pourrait le croire, parce qu’on peut les réduire en les résumant. Outre les acceptions diverses que nous venons de noter, il se peut aussi que même entre des causes d’espèce pareille il y ait des différences de rang,