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le sont les instruments et les opérations du chirurgien ; car tous ces intermédiaires concourent chacun dans leur genre à la fin qu’on se propose ; et la seule différence c’est que les uns agissent directement pour causer la santé, et que les autres sont de simples moyens pour y arriver d’une manière détournée.

Telles sont à peu près toutes les acceptions du mot de cause. Par suite de ces diversités de sens, une même chose peut avoir plusieurs causes à la fois, sans que ce soit du tout d’une manière indirecte et accidentelle. Ainsi, pour la statue, on peut lui assigner pour causes directes et non point accidentelles et l’art du statuaire qui l’a faite et l’airain dont elle est formée. Ces deux causes sont également réelles ; seulement, elles diffèrent en ce que l’une est la cause matérielle, et en ce que l’autre est la cause motrice, celle d’où est partie l’initiative du mouvement. C’est encore en ce sens qu’il y a des choses qui sont réciproquement causes les unes des autres. Ainsi l’exercice est cause de la santé, et à son tour la santé est cause de l’exercice ; seulement, dans le premier cas, la santé est la cause finale, tandis que dans le second la santé est la cause motrice. Voilà comment il se fait qu’une seule et même chose peut être cause des contraires ; car, le même objet qui est cause de tel effet quand il est présent, peut être cause de tel effet contraire quand il est absent et qu’il n’agit plus. Par exemple, l’absence du pilote peut être considérée comme la cause de la perte du navire, parce que la présence de ce même pilote est la garantie du salut.

Toutes les causes peuvent donc être ramenées aux quatre espèces que nous venons d’indiquer, et qui sont