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point la matière et la forme des choses naturelles. Par exemple, si le médecin qui doit étudier la santé, étudie de plus le flegme et la bile dans lesquels la santé consiste ; et si de même, l’architecte s’occupe tout à la fois et de la matière et de la forme de la maison, de ses murailles et de ses bois, tous les autres arts faisant comme la médecine et l’architecture, on ne voit pas pourquoi il en serait autrement de la Physique ; et elle doit étudier à la fois les deux natures, la matière et la forme. Ajoutez que c’est à une seule et même science d’étudier la fin et le pourquoi des choses, ainsi que tous les phénomènes qui y concourent. Or, la nature est la fin et le pourquoi des choses ; car là où le mouvement n’étant point interrompu, il y a une fin à ce mouvement, cette fin est le terme dernier et le pourquoi de la chose qui a ce mouvement continu. Aussi l’exclamation du poète ne laisse-t-elle pas que d’être assez ridicule à propos de la mort d’un de ses personnages :


" C’est la fin pour laquelle il avait été fait. "


Comme s’il suffisait qu’un terme fût le dernier pour que ce fût la fin véritable à laquelle l’être tendait ; et comme si la fin ne devait pas toujours être le bien et le bien tout seul de l’être qui tend à cette fin !

Pour bien se convaincre que la Physique doit tout ensemble étudier la matière et la forme, il n’y a qu’a regarder encore les procédés des arts. Tous les arts confectionnent de la matière ; mais les uns ne font que préparer des matériaux, et les autres les emploient du mieux qu’ils peuvent à notre usage. Aussi nous nous servons