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dont ce sont là les limites ; il ne considère pas davantage leurs propriétés, en tant qu’elles peuvent appartenir à des êtres réels et sensibles. Mais il abstrait ces notions, que la raison peut en effet très bien isoler du mouvement auquel les surfaces, les lignes et les points sont mêlés dans la réalité ; et cette abstraction, n’amenant aucune altération dans ces notions, n’est pas faite pour produire une erreur.

Mais le système des Idées est bien moins acceptable, et ceux qui le soutiennent font, comme les Mathématiciens ; sans d’ailleurs s’en apercevoir, ils tirent leurs abstractions des choses naturelles, où elles sont beaucoup moins de mise que dans les mathématiques. On peut très aisément s’en convaincre eu regardant aux définitions mathématiques de ces choses, et en les comparant aux idées qu’on en tire. Ainsi, en mathématique, le pair et l’impair, le droit et le courbe, ou bien encore le nombre, la ligne, la figure peuvent fort bien se concevoir et exister sans le mouvement. Mais dans la nature, on ne peut comprendre la chair, les os, l’homme, sans le mouvement qui les produit. Toutes ces choses-là impliquent nécessairement dans leur définition l’idée de mouvement, comme le Camard implique nécessairement l’idée matérielle du nez, tandis que le courbe est une abstraction qui n’implique point l’idée d’une réalité. Les abstractions mathématiques peuvent donc bien plus aisément se justifier. Il en est de même encore des abstractions dont font usage les parties des mathématiques qui sont les plus rapprochées de la Physique, je veux dire l’Optique, l’Harmonie et l’Astronomie, qui, à certains égards, ont une méthode inverse de la Géométrie. Ainsi la Géométrie étudie la ligne, qui