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L’homme, par exemple, n’est pas la nature de l’homme ; mais c’est un être de nature, un être que la nature a formé. Il est vrai que la nature comprise sous le rapport de la forme est plus nature que la matière ; car les êtres reçoivent leur dénomination bien plutôt quand ils sont en acte complet, en entéléchie, que quand ils sont en simple puissance, connue l’est toujours la matière. Mais il y a ici une grande différence : un homme vient d’un homme, tandis qu’un lit ne vient pas d’un lit ; et voilà comment Antiphon et ses pareils soutenaient, comme on vient de le voir, que la nature du lit n’est pas la figure que l’art lui donne, mais le bois dont il est formé, puisque le bois du lit mis en terre, s’il venait à y germer encore, produirait du bois et non pas un lit. Mais si la configuration du lit est de l’art comme l’avoue Antiphon, nous pouvons en conclure que la forme des êtres constitue leur nature, puisque de l’homme vient un homme et non point un être que l’art puisse former.

Parfois on confond la nature avec la génération des choses ; mais loin que la génération soit la nature, elle tend à y arriver ; elle est un acheminement vers la nature. Quand un médecin ordonne une certaine médication, loin qu’elle soit un acheminement à la médecine, elle en part au contraire pour arriver à la guérison, à la santé, que le médecin a pour but de procurer. Mais ce n’est pas là le rapport de la nature à la génération, qu’on prend souvent pour elle. L’être que produit la nature va de quelque chose à quelque chose, d’un certain état à un état différent. Il se développe naturellement pour arriver à un certain but. A quel but tend-il par ce mouvement naturel ? Ce n’est pas sans doute à l’état d’où il sort ; c’est à l’