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Ainsi, en un sens, on peut appeler nature cette matière première, placée au fond de chacun des êtres qui portent en eux le principe du mouvement et du changement. Mais un autre point de vue, on peut trouver aussi que la nature des êtres, c’est leur forme qui détermine l’espèce impliquée dans leur définition ; car de même qu’on appelle art ce qui est conforme aux règles et est un produit de l’art, de même on doit appeler nature ce qui est selon les lois et est un produit de la nature. Mais de même qu’on ne dit pas d’une chose qu’elle est conforme aux règles de l’art ni qu’il y ait de l’art en elle, tant qu’elle n’est encore qu’en puissance, par exemple, un lit qui n’aurait pas encore reçu la forme qui en fait un lit spécifiquement, de même on ne peut pas dire davantage des êtres naturels qu’ils ont leur nature, tant qu’ils ne sont qu’en puissance. La chair et les os, par exemple, n’ont pas leur nature propre tant qu’ils n’ont pas revêtu cette forme et cette espèce qui est impliquée dans leur définition essentielle, et qui sert à préciser ce qu’est pour nous l’os ou la chair ; tant qu’ils ne sont qu’à l’état de simple possibilité, ils ne sont pas encore dans la nature. Donc, même pour les êtres qui ont en eux le principe du mouvement, pour les êtres naturels, leur nature ne serait pas la matière comme on vient de l’indiquer ; mais ce serait leur forme spécifique leur forme qui est inséparable d’eux, ou qui du moins ne pont eu être séparée que rationnellement et pour le besoin de la définition qu’on vent en donner.

Le composé que forment ces éléments de la matière et de la forme ne peut pas s’appeler la nature de l’être ; seulement ce composé est naturel, il est dans la nature.