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qu’indirectement causes de leur propre mouvement.

Voilà ce que j’entends par nature. On dit des êtres qu’ils sont naturels, et qu’ils sont de nature, quand ils ont en eux-mêmes le principe qu’on vient de dire. Ceux-là sont ce que je nomme des substances ; car la nature est toujours un sujet, et elle est toujours dans un sujet. Tous ces êtres existent d’après les lois de la nature, avec toutes leurs propriétés essentielles, comme existe, par exemple, la qualité inhérente au feu, de toujours s’élever en haut. Cette qualité n’est pas précisément la nature du feu, et elle n’a pas de nature à elle ; mais elle est dans la nature, et selon la nature du feu. Voilà donc ce qu’on doit entendre par la nature d’une chose, et ce que signifie être par nature et selon la nature.

Nous n’essaierons pas de prouver l’existence de la nature ; ce serait ridicule ; car il saute aux yeux de tout le monde qu’il y a une foule d’êtres du genre de ceux que nous venons d’indiquer ; et prétendre démontrer des choses d’une complète évidence par des choses obscures, ce serait le fait d’un esprit incapable de discerner ce qui est ou ce qui n’est pas notoire en soi. C’est là d’ailleurs une erreur très concevable, et dont il n’est même pas très malaisé de se rendre compte. Si un aveugle de naissance se met à parler de couleurs, il pourra bien prononcer des mots ; mais nécessairement il n’aura pas la moindre idée des choses que ces mots représentent. De même, il y a des gens qui s’imaginent que la nature et l’essence de toutes les choses que nous voyons, consiste dans cet élément primitif qui est dans chacune d’elles, sans y avoir aucune forme précise, c’est-à-dire la matière. Ainsi