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qui ne sont pas naturels et qu’on petit appeler les produits de l’art : un lit par exemple, un vêtement ou tel objet analogue n’ont en eux-mêmes, en tant qu’on les rapporte à chacune des classes du mouvement et en tant que l’art les produit, aucune tendance spéciale à changer d’état. Ils n’ont cette tendance que d’une manière indirecte et purement accidentelle, en tant qu’ils sont composés de pierre, de terre ou d’autres éléments analogues.

Il faut donc considérer la nature comme un principe et une cause de mouvement ou d’inertie, pour l’être dans lequel ce principe est en soi et primitivement, et non pas uniquement d’une manière accidentelle et détournée. J’ai déjà expliqué ce que j’entends quand je dis qu’une chose est telle chose par accident ; mais je reviens à cette explication, et je cite un exemple. Si quelqu’un qui est médecin se soigne lui-même et se rend la santé, je dis que c’est indirectement et par accident que le médecin est guéri ; car ce n’est pas en tant que médecin à proprement parler, c’est en tant que malade ; et c’est par accident que le médecin est guéri, et seulement parce qu’il s’est trouvé à la fois que la même personne fût malade et médecin ; mais ces deux qualités auraient pu fort bien être séparées l’une de l’autre au lieu d’être réunies. On peut en dire autant pour tous les êtres qui sont le produit de l’art. Il n’en est pas un seul qui ait en lui-même le principe qui le fait être ce qu’il est ; mais tantôt ce principe lui est extérieur, et il est dans d’autres êtres, comme pour la maison par exemple, et pour tout ce que fabrique la main industrieuse de l’homme ; tantôt le principe du mouvement se trouve bien dans ces êtres ; mais il n’y est pas par leur propre essence ; et ce sont ceux qui ne deviennent