Page:Aristote - Physique (Saint-Hilaire), 1862, Tome 1.djvu/21

Cette page n’a pas encore été corrigée

insaisissable présent. Le passé et l’avenir ne conviennent qu’à la génération qui se succède dans le temps ; et ils sont le domaine du mouvement. Mais quant à l’éternité, immobile comme elle l’est, rien ne la mesure ni ne l’épuise. Le temps, au contraire, a commencé avec le monde, quand Dieu l’a créé et y a mis un ordre merveilleux. « C’est l’observation du jour et de la nuit ; ce sont les révolutions des mois et des années qui ont produit le nombre, fourni la notion du temps et rendu possible l’étude de l’univers[1]. » Le temps n’est donc qu’une portion de l’éternité, que nous en détachons à notre usage. Mais dans l’éternité elle-même il n’y a plus de temps ; car le temps n’est pas identique avec elle, tandis que l’éternité est en quelque sorte identique à Dieu. C’est qu’en effet, comme devait le dire admirablement Newton, Dieu n’est pas l’éternité plus qu’il n’est l’infinitude ; mais il est éternel et infini. Le temps n’existe pas pour lui ; le temps n’existe que pour nous. L’éternité est divine ; le temps est purement humain. Il ne convient qu’à ce qui a eu un

  1. Platon, Timée, pages 130 et 131, traduction de M. Victor Cousin.