Page:Aristote - Physique (Saint-Hilaire), 1862, Tome 1.djvu/209

Cette page n’a pas encore été corrigée

de résoudre les difficultés qui arrêtaient les anciens philosophes. Malgré leur amour sincère de la vérité et malgré des recherches profondes sur la nature des choses, ils s’égaraient dans les fausses voies où les poussait leur inexpérience, et ils étaient amenés à soutenir que rien ne naît et que rien ne périt : « Car, disaient-ils, tout ce qui naît ou se produit doit venir de l’être ou du non-être ; or, il y a des deux parts égale impossibilité, puisque d’une part l’être n’a pas besoin de devenir puisqu’il est déjà, et qu’en second lieu rien ne peut venir du non- être et qu’il faut toujours quelque chose qui serve de support. » Puis aggravant encore ces premières erreurs, ils ajoutaient que l’être ne peut être multiple, et ils ne reconnaissaient dans l’être que l’être seul. En d’autres termes, ils étaient conduits à affirmer l’unité et l’immobilité de l’être. Déjà nous avons indiqué d’où provenait un système aussi faux. Mais à notre avis, il n’y a réellement ici que confusion de mots. Ainsi l’on dit qu’une chose doit venir de l’être ou du non-être, que l’être ou le non-être fait ou souffre telle chose, que telle chose devient telle autre chose quelconque. Mais il ne faut pas se laisser tromper par ces expressions. Elles ne sont pas plus difficiles à comprendre que quand on dit que le médecin fait ou souffre telle chose, ou bien que de médecin il devient telle ou telle chose, en acquérant telle ou telle autre qualité. Cette seconde expression, relative au médecin, a deux sens ; les autres expressions, à savoir que la chose vient de l’être ou du non-être, que l’être ou le non-être agit ou souffre, ont deux sens également. Si donc le médecin vient à construire une maison, ce n’est certainement pas en tant que médecin ; mais c’est en tant qu’architecte ;