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faire bien voir ce qu’est cette matière qui sert de support à la forme, je prends des comparaisons. Ce que l’airain est à la statue, ce que le bois est au lit, ce que sont la matière et le non-figuré à toutes les choses qui reçoivent une figure et une forme, cette nature première qui sert de support aux contraires, l’est à la substance, à l’objet réel et sensible, à l’être en un mot. Elle est bien un principe ; mais son unité ne fait pas un être réel comme l’est tel objet individuel et particulier ; elle est une en ce sens seulement que sa définition est une ; mais elle implique en outre son contraire, qui est la privation.

Je résume donc tout ce qui précède, et je dis qu’on doit comprendre maintenant comment les principes sont deux, et comment aussi ils sont davantage. D’abord on avait montré que les principes ne peuvent être que des contraires ; mais on a dû ajouter qu’à ces contraires il fallait nécessairement un sujet qui leur servit de support ; et que par conséquent, il fallait bien compter trois principes, au lieu de deux. On doit voir clairement quelle est la distinction établie ici entre les contraires, et quels sont les rapports des principes entr’eux, et enfin ce qui est le sujet qui sert de support. Ce qui reste actuellement à savoir, c’est si l’essence des choses consiste dans la forme ou dans le sujet. On résoudra plus tard cette question ; mais il fallait d’abord se fixer sur le nombre des principes, qui sont trois, et sur la manière dont ils sont trois ; et voilà quelle est notre théorie sur le nombre et la nature des principes.

IX.

Les développements qui précèdent sont déjà une manière