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bien la musique, qui est la qualité nouvelle de l’homme devenu musicien.

Ainsi l’on peut dire que les principes sont au nombre de deux ; mais on peut soutenir aussi qu’ils sont au nombre de trois, puisque le sujet se décompose en deux. En un sens, les principes peuvent être encore considérés comme des contraires, lorsqu’on dit que le non-musicien devient musicien, que le chaud devient froid, que l’inorganisé devient organisé. En un autre sens, les principes ne sont pas des contraires ; car il est impossible que les contraires agissent l’un sur l’autre, comme le font ici la privation et la forme. Pour résoudre cette difficulté, il faut remarquer que le sujet ne se confond ni avec la privation ni avec la forme, et il n’est pas un contraire de la forme qu’il reçoit. Ainsi donc les principes de l’être, quand on n’en compte que deux, ne sont pas plus nombreux que les contraires ; et numériquement ils ne sont que deux aussi ; mais on ne peut pas dire qu’ils soient absolument deux, attendu que leur essence est différente ; et par exemple, l’essence de l’homme n’est pas identique à l’essence du non-musicien, bien que ce soit l’homme qui est non-musicien ; l’essence du non-figuré n’est pas non plus identique à l’essence de l’airain, dans l’exemple de la statue.

Tel est donc le nombre des principes dans la génération de tout phénomène naturel ; et nous avons expliqué comment il faut comprendre ce nombre. Il n’est pas moins clair qu’il faut un sujet qui serve de support aux deux contraires. Mais il n’est pas même besoin ici des deux contraires ; il suffit d’un seul pour produire le changement, selon qu’il est présent ou qu’il est absent. Pour