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qui se produit, et celle qui devient de telle ou telle façon. Cette dernière chose, qui est le sujet du changement, peut présenter encore des nuances diverses ; car elle est ou le sujet même ou l’opposé de ce qui devient ; et par exemple, l’opposé c’est le non-musicien qui devient musicien, au lieu de l’homme qui serait le sujet propre. L’opposé, c’est ce qui est privé de la forme, ou de la figure et de l’ordre, comme dans les exemples cités plus haut ; le sujet, c’est l’or, l’airain ou la pierre. Une autre conséquence évidente de ceci, c’est que, comme tout ce qui est dans la nature a des principes primordiaux qui font que les êtres sont ce qu’ils sont essentiellement, d’après les propriétés qui leur font donner une dénomination spéciale, tout ce qui se produit et devient se compose à la fois et du sujet et de la forme que ce sujet vient à revêtir. Ainsi l’homme devenu musicien est composé en quelque sorte de l’homme, qui est le sujet, et du musicien, qui est la forme nouvelle de ce sujet ; car la définition de l’homme musicien pourrait se résoudre dans les deux définitions particulières de l’homme et du musicien séparément. Ce sont là les deux principes nécessaires de tout phénomène qui se produit. Le sujet est un, numériquement parlant ; mais il est deux, sous le rapport des espèces. Aussi est-ce l’homme et l’airain, ou d’une manière plus générale, la matière, que l’on compte ; parce que c’est elle qui est la chose réelle, et que ce n’est pas seulement par accident que le phénomène vient d’elle ; mais la privation et l’opposition sont de purs accidents de l’être. Quant à la forme, elle est absolument une, et elle ne se décompose pas comme le sujet en deux éléments : c’est, par exemple, l’ordre donné aux matériaux qui forment la maison ; ou