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manière relative. Lorsqu’une chose devient absolument parlant, c’est qu’elle naît, et sort du non-être ; mais dans les cas oit l’expression n’est pas absolue, on ne dit pas seulement qu’une chose devient ; on ajoute qu’elle devient telle autre chose, par suite du changement qu’elle subit. Devenir d’une manière absolue ne s’applique qu’aux substances ; tout autre Devenir suppose préalablement un sujet déjà existant, qui subit une modification. Ainsi les changements qui se passent dans la quantité, la qualité, la relation, le temps, le lieu, ne se produisent que par rapport à un certain sujet, puisque jamais la substance ne sert d’attribut à quoi que ce soit, tandis que tout le reste sert d’attribut à la substance. Toutes les substances, et en général tous les êtres qui ont l’existence d’une manière absolue, viennent d’un sujet antérieur qu’elles supposent nécessairement. Toujours il y a préalablement un être qui subsiste avant celui qui naît et qui en sort, comme est le germe dans les plantes et dans les animaux. Tout ce qui naît, et devient généralement parlant, ne peut venir que des manières suivantes : transformation, comme la statue qui vient de l’airain ; addition, comme les plantes et les êtres qui se développent en s’accroissant ; réduction, comme l’Hermès qu’on tire d’un bloc de marbre ; arrangement et combinaison, comme la maison qu’on bâtit ; enfin altération, comme les choses qui changent dans leur matière. Mais tous ces changements supposent, on le voit, assez clairement, un sujet quelconque qui existe antérieurement à eux et qui est apte à les subir.

Il résulte de ces considérations que, quand une chose quelconque vient à se produire, le phénomène est toujours complexe ; car il y a deux termes : la chose même