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que le non-musicien devient musicien ; complexes, quand je dis au contraire, en joignant les deux termes, que l’homme non-musicien devient homme musicien. Dans un cas, le terme est simple, homme, non-musicien, musicien ; dans le second cas, le terme est complexe, homme non-musicien, homme musicien. Dans l’expression complexe, il y a à la fois, et le sujet qui devient quelque chose, et l’attribut qu’il devient par le changement qu’il subit. De ces deux expressions, la dernière signifie que non seulement l’être devient telle chose, mais que de plus il avait, antérieurement à ce changement, une certaine manière d’être différente. Quant à l’expression simple : L’homme devient musicien, elle n’a pas une signification absolue ; car elle ne signifie pas que l’homme a cessé d’être homme pour devenir musicien ; elle signifie uniquement que l’homme, tout en restant homme, a subi ce changement qui consiste à devenir musicien, ce qu’il n’était pas auparavant. Dans les choses qui se produisent ainsi, c’est-à-dire où tel être subit telle modification et où telle chose devient telle autre chose, nous entendons toujours qu’il y a une partie qui subsiste tout en subissant un changement, tandis qu’il y a une partie qui ne subsiste pas et qui disparaît. L’homme a beau devenir musicien, il n’en subsiste pas moins en tant qu’homme ; l’homme reste ; mais le non-musicien, ce qui n’est pas musicien, peu importe le terme plus ou moins compliqué dont on se sert ici, ne subsiste pas ; et loin de là, il disparaît dans le changement.

Ceci posé, un peut appliquer ce principe à toute génération, et l’on verra que dans tous les cas, comme dans celui-ci, il faut qu’il y ait un certain élément qui subsiste