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feu ou tel autre élément intermédiaire, dont ils font le support commun des contraires ; et je remarque que c’est plutôt cet intermédiaire qu’ils devraient choisir pour leur élément unique, puisque le feu, la terre, l’air et l’eau sont toujours mélangés et entremêlés de quelques contraires. Aussi, je suis plutôt de l’avis de ceux qui ont recours à cet intermédiaire qui n’est aucun des quatre éléments ; et je mettrais ensuite ceux qui adoptent l’air dont les différences sont les moins sensibles, et enfin ceux qui ont recours à l’eau. Mais je reviens, et je dis que tous ces philosophes, quel que soit le principe unique qu’ils adoptent, le transforment aussitôt par des contraires : le rare et le dense, le plus et le moins, ou comme nous le disions aussi un peu plus haut, l’excès et le défaut ; car c’est une opinion fort ancienne que de réduire tous les principes des choses à trois : l’unité, le défaut et l’excès. Mais ceci n’a pas été entendu de la même manière par tout le monde ; car les anciens prétendaient que c’est l’excès et le défaut qui agissent, l’unité souffrant leur action, tandis que les modernes soutiennent au contraire que c’est l’unité qui agit, et que le défaut et l’excès supportent l’action qu’elle exerce sur eux.

Les arguments qui précèdent et d’autres arguments analogues qu’on y pourrait joindre, donnent à penser très justement que les principes de l’être sont au nombre de trois, ainsi qu’on vient de l’indiquer. En effet, on ne peut aller au-delà de ce nombre, et l’unité suffit à souffrir et à expliquer l’action des contraires. Mais si les principes sont au nombre de quatre, il y a dès lors deux oppositions de contraires, et il faudra un sujet et une unité à chacune d’elles, c’est-à-dire qu’il y aura deux sujets au lieu d’un.