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Mais quel est le nombre des principes de l’être ? Du moment qu’il sont en nombre limité, il semble assez difficile qu’ils ne soient que deux seulement ; car on ne comprend pas comment l’un pourrait agir sur l’autre. La rareté ne peut rien sur la densité ; pas plus que la densité n’a la moindre action sur la rareté. L’Amour ne peut pas davantage se concilier la Discorde, et la Discorde de son côté ne peut rien faire de l’Amour. Même remarque pour toute espèce de contraires. Mais si l’on suppose entr’eux un troisième terme, ils peuvent agir alors l’un ou l’autre sur cet élément nouveau, qui est différent d’eux ; et voilà comment certains philosophes ont supposé plus de deux principes pour expliquer les choses. Une autre raison qui fait une nécessité d’admettre un troisième terme, support des deux contraires, c’est que les contraires ne sont jamais des substances ; ils ne sont que des attributs de quelqu’autre chose. Mais un principe proprement dit ne peut jamais être l’attribut de quoi que se soit ; car il y aurait alors principe de principe, puisque c’est le sujet des attributs qui est leur principe, en leur étant toujours antérieur. De plus la substance, comme on le sait, ne peut être contraire à la substance ; elle ne peut pas venir davantage de ce qui n’est pas substance ; et comment le principe, s’il n’est pas substance, serait-il antérieur à la substance même ?

Si donc on admet d’une part que les principes sont des contraires, et d’autre part qu’ils ne sont pas des substances, on est amené à conclure qu’il faut nécessairement entre les deux contraires supposer un troisième terme. C’est bien là aussi ce que pensent les philosophes qui n’admettent dans le monde qu’un élément unique, l’eau, le