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dans un lieu[1] ; ce qui n’est nulle part n’est rien ; et si le mouvement et l’être ne durent pas quelque portion de temps, ils nous échappent nécessairement et sont pour nous absolument comme s’ils n’étaient pas.

Qu’est-ce que l’espace ? Qu’est-ce que le temps ? Platon s’arrête peu à ces deux idées. Mais il a sur le temps, indispensable à la réalité et à la conception même du mouvement, une théorie qu’Aristote a cru devoir réfuter, et qui cependant est profondément vraie. Platon soutient que le temps a commencé, et que par conséquent, il peut finir. Aristote trouve cette opinion fort singulière, et il signale Platon comme le seul parmi les philosophes qui l’ait adoptée. Je crois qu’Aristote n’a pas examiné d’assez près la pensée de son maître. Platon distingue deux choses qu’en effet il faut se bien garder de confondre : l’éternité et le temps, qu’Aristote a eu quelquefois le tort de prendre l’une pour l’autre. Le temps n’est, suivant la grande parole de Timée, qu’une image mobile de l’éternité. Tout ce qu’on peut dire de l’éternité, c’est qu’elle est ; il n’y a pour elle ni passé ni futur ; elle est un perpétuel et

  1. Platon, Timée, page 158, traduction de M. Victor Cousin.