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s’adressant à des idées qui sont plus notoires que pour les sens. Ainsi, pour les uns, les contraires élémentaires sont le chaud et le froid, le sec et l’humide, toutes choses qui nous sont révélées par la sensibilité ; pour les autres, c’est le pair et l’impair, ou enfin c’est l’Amour et la Discorde, qui sont les causes premières de toute génération. Ces différents systèmes ne diffèrent entr’eux que par la diversité des contraires, dont tous reconnaissent l’existence. Ils s’accordent donc en un sens, et en un sens ils se contredisent, comme chacun peut le voir sans qu’il soit besoin d’entrer dans de plus longs détails. Leur analogie, c’est d’avoir tous également une série de contraires, à l’aide de laquelle ils croient expliquer le monde ; leur différence, c’est que les uns prennent des contraires plus généraux et qui enveloppent plus de choses, tandis que les contraires admis par les autres sont moins vastes, et sont à leur tour subordonnés à d’autres contraires qui les enveloppent. Telle est la ressemblance et la dissemblance de ces théories, où l’on s’exprime plus ou moins bien selon qu’on s’en rapporte, comme je viens de le dire, soit à des notions purement rationnelles soit à des notions purement sensibles. L’universel est plus notoire à la raison ; le particulier l’est davantage aux sens ; car la notion sensible n’est jamais que particulière. Le grand et le petit sont des notions rationnelles plutôt que des notions sensibles ; mais le rare et le dense ne sont guère compris que par la sensibilité. Donc, pour nous résumer, les principes sont nécessairement des contraires.

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