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réunis d’une certaine façon, mais qui, antérieurement ne l’étaient pas de cette façon spéciale. La statue, ou toute autre chose figurée comme elle, vient de ce qui, antérieurement, était sans figure et a reçu l’ordre qui constitue la statue. Les contraires sont, d’une part, ce qui a une certaine combinaison régulière ou un certain ordre régulier, et de l’autre, ce qui n’a ni cet ordre ni cette combinaison. Mais ces contraires n’ont pas reçu de nom spécial dans la langue, c’est-à-dire que la statue, la maison, n’ont pas leurs contraires.

Si cette théorie est vraie, comme elle semble l’être, on peut dire d’une manière générale que, dans le monde entier, tout ce qui vient à naître vient de contraires, et que tout ce qui périt se résout dans ses contraires également, ou dans ses intermédiaires, qui d’ailleurs ne viennent eux-mêmes que des contraires. Ainsi, toutes les couleurs intermédiaires dérivent du blanc et du noir, qui sont aux deux extrémités ; et l’on peut affirmer ainsi que toutes les choses de la nature sont des contraires ou viennent des contraires. C’est là le point commun où sont arrivés tous les philosophes dont nous parlions tout à l’heure. Sans peut-être se bien rendre compte des expressions qu’ils emploient, tous qualifient de contraires les éléments et les principes qu’ils reconnaissent, et l’on dirait que tous sont conduits à ce système par la force même de la vérité qui les y pousse à leur insu. La seule différence, c’est que les uns prennent leurs principes le plus haut possible, et que les autres ne s’adressent pas à des termes aussi élevés et aussi généraux : les uns s’adressant à la pure raison et aux idées qui sont les plus claires pour elle ; les autres