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tout se divise pouvait être d’une infinie petitesse, le tout devrait être lui-même susceptible de cette même condition. Or un animal, une plante ne peuvent pas avoir des dimensions arbitraires, soit en petitesse soit en grandeur. Il s’en suit que leurs parties ne le peuvent pas davantage. La chair, les os et les autres matières analogues sont des parties de l’animal, tout comme le fruit est une partie de la plante ; et il est bien impossible que les os et la chair aient indifféremment une dimension quelconque, soit en grandeur, soit en petitesse.

D’autre part, si tout est dans tout, comme le prétend Anaxagore, si les choses naissent toujours d’autres choses antérieures où elles sont en germe, et si elles sont dénommées d’après la qualité qui prédomine en elles, alors tout est confondu ; l’eau vient de la chair, et la chair vient de l’eau. Mais si d’un corps fini on retranche quelque chose, on parvient enfin à l’épuiser ; et dès lors tout n’est pas dans tout, ainsi qu’on le prétend. Si de l’eau on tire une première portion de chair, puis encore une autre portion qu’on en sépare, quelque petite que soit cette soustraction, elle sera toujours appréciable, puisqu’il faut bien que cette chair soit quelque chose ; mais il faudra que la décomposition s’arrête à un certain point ; et évidemment, tout n’est pas dans tout, puisqu’il n’y a plus de chair dans ce qui reste d’eau.

Que si l’on dit que cette décomposition ne s’arrête pas, et qu’elle va à l’infini, alors dans une grandeur finie il y aura des parties finies et égales entr’elles qui seront en nombre infini ; ce qui est bien tout-à-fait impossible. De plus, à mesure qu’on enlève quelque chose à un corps quelconque, ce corps devient de plus en plus petit. Or, la