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tout se réduit à des mouvements de décomposition et de recomposition. Anaxagore s’appuie en outre sur ce principe que les contraires naissent les uns des autres, ce qui implique qu’ils existaient antérieurement dans le sujet ; car tout phénomène qui se produit vient ou de l’être ou du néant ; et s’il est impossible qu’il vienne du néant, comme tous les Physiciens en tombent d’accord, il ne reste plus qu’à dire que les contraires naissent d’éléments qui se trouvent déjà dans le sujet, mais qui nous échappent à cause de leur ténuité infinie. Voilà comment ces Physiciens ont été amenés à soutenir que tout est dans tout. Voyant que tout peut naître de tout, ils ont cru que les choses n’étaient différentes et ne recevaient différents noms que d’après l’élément qui prédomine, bien que le nombre de leurs parties diverses soit infini. Ainsi jamais rien n’est dans sa totalité purement blanc ou purement noir ; seulement selon que l’un ou l’autre prédomine, on prend l’élément qui l’emporte pour la nature même de la chose ; et c’est d’après cet élément prédominant qu’on la qualifie. Voici ce qu’on peut répondre à Anaxagore. L’infini en tant qu’infini ne peut être connu. Si c’est l’infini en nombre et en grandeur, on ne peut le comprendre dans sa quantité ; si c’est l’infini en espèce, on ne peut le comprendre dans sa qualité. Si donc on fait les principes infinis, soit en espèce soit en nombre, il est impossible de jamais connaître les combinaisons qu’ils forment ; car nous ne croyons connaître un composé que quand nous savons l’espèce et le nombre de ses éléments. À ce premier argument, on peut en ajouter un second : c’est que les parties des choses ne peuvent pas avoir cette petitesse infinie dont parle Anaxagore. Si une des parties dans lesquelles un