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la multiplicité réelle. Il leur suffit, pour expliquer cette origine des phénomènes, de la rapporter aux modifications infinies de la raréfaction et de la condensation, soit qu’ils adoptent un des trois éléments, l’eau, l’air, ! e feu, soit qu’il en adoptent un quatrième moins subtil que le feu, et moins grossier que l’air. Mais la raréfaction et la condensation sont des contraires : c’est l’excès, et le défaut, comme le dit Platon en parlant du grand et du petit. La seule différence entre Platon et les Physiciens, c’est qu’il fait de ces contraires la matière même des êtres, dont l’unité se réduit à leur simple forme, tandis que pour les Physiciens c’est le sujet même qui est matière, et que les contraires sont des différences et des espèces. Il est d’autres philosophes qui, comme Anaximandre, pensent que les contraires sortent de l’être un qui les renferme ; et c’est là aussi l’opinion d’Empédocle et d’Anaxagore, qui admettent tout à la fois l’unité et la pluralité des êtres. D’après leurs théories, toutes les choses sont issues d’un mélange primordial ; et la seule divergence entr’eux, c’est que pour Empédocle il y a des retours périodiques et réguliers, tandis qu’Anaxagore n’admet qu’un mouvement une fois donné. Anaxagore regarde commue infinis les contraires et les parties similaires des choses, les Homoeoméries ; Empédocle ne voit l’infini que dans les éléments.

Pour expliquer comment Anaxagore a pu admettre cette infinité de l’être, il faut supposer qu’il a cru avec bien d’autres Physiciens que rien ne peut venir du néant. C’est là sans doute aussi l’argument de ceux qui soutiennent qu’à l’origine des choses tout était mêlé et confus, que tout phénomène n’est qu’un simple changement, et que