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qu’une seule signification, et l’on ne peut pas réaliser ainsi tout ce qu’on veut. L’être réel n’est jamais l’attribut, l’accident d’autre chose ; c’est lui au contraire qui reçoit les attributs. Si l’on n’admet pas ce principe évident, on en arrive à confondre l’être et le non-être dans une égale indétermination. L’être qui est blanc n’est pas identique à sa blancheur, puisque la blancheur ne peut jamais comme lui recevoir d’attributs. L’être réel est ; le blanc n’est pas, non point seulement en ce sens qu’il n’est point tel être spécial, mais parce que de fait il n’est rien en dehors du sujet où il est. En confondant l’être et sa blancheur, l’être devient comme elle un non-être ; car s’il est blanc, le blanc avec lequel il se confond n’est qu’un non-être. Si l’on soutient encore que le blanc est un être tout aussi bien que le sujet lui-même où il est, c’est qu’alors on donne au mot d’être des acceptions fausses, au lieu de la seule qu’il a véritablement.

En voulant ainsi confondre l’un et l’être, Parménide en arrive à cette absurdité de nier que l’être puisse avoir aucune dimension ; car du moment qu’il y a un être réel, il a des parties, et chacune de ces parties a un être différent ; ce qui détruit la prétendue unité de Parménide. Mais ce n’est pas seulement toute dimension qu’il ôte à l’être, c’est aussi toute essence ; car tout être en suppose d’autres au-dessus de lui, qui sont impliqués dans sa définition. Ainsi l’homme est un certain être ; mais quand on le définit, on voit que nécessairement il en suppose d’autres : l’animal, le bipède, qui ne sont pas des accidents, des attributs de l’homme, mais qui font partie de son être essentiellement. La preuve que ce ne sont pas là des attributs ou des accidents, c’est qu’on entend par