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ces philosophes admettent dans leurs démonstrations, les mieux employer, et résoudre assez aisément les difficultés qui les arrêtent. Je viens de dire que le raisonnement de Mélissus et de Parménide est captieux, et que partant de données fausses ils ne concluent même pas régulièrement. J’ajoutais que le raisonnement de Mélissus est pl us grossier et moins soutenable encore, parce qu’il suffit qu’une seule donnée soit fausse pour que toutes les conclusions le soient comme elle, ce qui est très facile à voir. Mélissus se trompe évidemment en partant de cette hypothèse que tout ce qui a été produit ayant un principe, ce qui n’a pas été produit ne doit point en avoir. À cette première erreur, il en ajoute une autre non moins grave, c’est de croire que tout a eu un commencement, excepté le temps, et qu’il n’y a point de commencement pour la génération absolue, tandis qu’il y en aurait pour l’altération des choses, comme s’il n’y avait pas évidemment des changements qui se produisent tout d’un coup. Puis, ne peut-on pas demander pourquoi l’être serait immobile par cette raison qu’il est un ? Puisqu’une partie du tout qui est une, de l’eau par exemple, a un mouvement propre, pourquoi le tout dont elle fait partie n’aurait-il pas le mouvement au même titre ? Pourquoi n’aurait-il pas, lui aussi, le mouvement l’altération ? Enfin l’être ne peut être un en espèce, que sous le rapport du genre unique qui comprend les espèces, et d’où elles sortent. Il y a des Physiciens qui ont entendu l’unité de l’être de cette façon, croyant à l’unité du genre et non point à celle de l’espèce ; car il est par trop évident que l’homme n’est pas le même spécifiquement que le cheval, tout aussi bien que les contraires diffèrent spécifiquement entr’eux.