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Du reste, cette question du rapport de l’unité à la multiplicité semble avoir troublé plus d’un philosophe parmi les modernes ou les anciens. Pour échapper à la contradiction qu’on supposait entre les deux termes, les uns, comme Lycophron, se sont imaginé de supprimer le verbe d’existence et de retrancher le mot Est de tout ce qu’ils disaient. Les autres ont détourné l’expression, et au lieu de dire que l’homme est blanc, ils ont dit qu’il blanchit ; ou de dire qu’il est marchant, ils ont dit qu’il marche. Ils se donnaient toute cette peine pour éviter le mot Est, de peur de faire plusieurs êtres d’un seul, et croyant confondre par là l’un et l’être absolument. Comme si les êtres n’étaient pas multiples, ainsi que le prouve même leur définition ; comme si la définition de blanc et celle de musicien n’étaient pas essentiellement différentes, bien que ces deux qualités puissent appartenir simultanément à un seul et même être ! Il faut donc affirmer que le prétendu Un est multiple, comme tout être est multiple, ne serait-ce que par la division, puisqu’il forme nécessairement un tout et qu’il a des parties. À ce point de vue, nos philosophes étaient bien forcés d’avouer, malgré tout leur embarras, que l’être n’est pas un et qu’il est multiple ; car une même chose peut fort bien tout à la fois être une et multiple ; seulement elle ne peut avoir à la fois les qualités opposées, attendu que l’être peut être un, ou en simple puissance, ou en réalité complète, en entéléchie. Donc, il faut conclure de tout ceci que les êtres ne peuvent pas être uns au sens où on le prétend.

IV.

Ou pourrait d’ailleurs avec les principes mêmes que