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quand leur définition est identique, comme elle l’est, par exemple, pour le Jus de la treille et pour le Vin. Or, si par Un on entend le continu, l’être alors est multiple et n’est plus un ; car le continu est divisible à l’infini.

Mais à propos de l’unité de l’être, on peut se poser une question qui, sans tenir très directement à notre sujet actuel, vaut la peine cependant qu’on la traite. Le tout et la partie sont-ils une même chose ? ou sont-ils des choses différentes ? De quelle manière peut-on concevoir leur unité ou leur multiplicité ? et, si ce sont des choses multiples, quelle espèce de multiplicité forment-elles ? Les parties peuvent d’ailleurs n’être pas continues ; et si les parties en tant qu’indivisibles forment chacune une moitié, comment chacune d’elles peut-elle être une avec le tout ? Mais je ne fais qu’indiquer ces questions, et je poursuis. Si l’être est un en tant qu’indivisible, il ne l’est plus alors comme quantité et qualité, et du même coup il cesse d’être infini comme le veut Mélissus. Il n’est même pas fini comme le soutient Parménide ; car c’est la limite seule des choses qui est indivisible, et ce n’est pas le fini lui-même. Que si l’on dit que tous les êtres sont Uns en ce sens qu’ils n’ont tous en masse qu’une définition commune et identique, comme l’est celle de Vêtement et d’Habit, par exemple, alors on revient à l’opinion d’Héraclite, et désormais tout va se perdre dans le plus obscur mélange ; le bien et le mal se confondent ; le bon, avec ce qui n’est pas bon ; le bien, avec ce qui n’est pas bien ; l’homme et le cheval sont tout un. Mais il faut répondre à cette singulière théorie que ce n’est plus là affirmer que tous les êtres sont Uns ; c’est affirmer qu’ils ne sont rien, et que la quantité et la qualité sont absolument identiques.