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Si l’on prétend que l’être est tout ensemble substance, quantité et qualité, il en résulte toujours qu’il y a plusieurs sortes d’êtres, soit qu’on réunisse ces trois éléments, soit qu’on les isole et qu’on les rende indépendants les uns des autres. Si l’on disait par hasard que l’être tout entier n’est que qualité et quantité, la substance étant mise à part ou rejetée, ce serait là une opinion absurde, ou pour mieux dire impossible, puisque la substance est toujours indispensable, et qu’elle est le support de tout le reste, qui sans elle n’existerait pas. Voyez en effet la contradiction : Mélissus soutient que l’être est infini ; soit ; mais cela revient à dire que l’être est une quantité, puisque l’infini n’est que dans la catégorie de la quantité. Or, la substance et la qualité ne peuvent jamais être infinies, si ce n’est d’une manière indirecte, en tant qu’on les considère comme quantités à un certain point de vue. La définition de l’infini emprunte toujours l’idée de quantité ; mais elle ne suppose pas celles de substance et de qualité. Que si l’on admet que l’être est à la fois substance et quantité, comme il est toujours nécessaire qu’il le soit, alors ses principes sont au moins deux, et l’être n’est plus un comme on le prétend. Si l’on réduit l’être à n’être que substance, alors il n’est plus infini ; il n’a même plus une grandeur quelconque ; car pour en avoir, il faudrait qu’il fût en outre quantité. Une difficulté du même genre encore, c’est de savoir ce qu’on veut dire précisément en soutenant que l’être est un ; car le mot d’Un est susceptible d’acceptions diverses tout aussi bien que le mot d’Être. Une chose est une quand elle est continue ou qu’elle est divisible. On dit de deux choses qu’elles sont une seule et même chose