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aux questions qui en impliqueraient la négation, et nous nous contenterons de réfuter les erreurs qui pourraient être commises, en partant de ce principe lui-même, qu’il faut préalablement accepter. Les théories qui le nient doivent nous rester tout à fait étrangères ; car c’est ainsi que le géomètre, en choisissant parmi les démonstrations de la quadrature, peut bien réfuter celle qu’on prétend faire à l’aide des segments ; mais il n’a plus rien à voir à celle d’Antiphon. Néanmoins, comme les philosophes qui nient le mouvement touchent encore à des questions physiques, bien qu’ils n’étudient plus précisément la nature, il ne sera peut-être pas sans utilité d’en dire quelques mots, parce que ces recherches ne laissent pas que d’avoir encore un côté philosophique.

III.

Précisons bien le sens des mots dont nous nous servons ; et comme le mot d’Être a plusieurs acceptions, il faut se rendre compte, avant d’aller plus loin, de ce qu’on entend quand on dit que l’être tout entier est un. Est-ce à dire qu’il est uniquement substance ? ou bien uniquement quantité ? ou bien uniquement qualité ? Si tout est substance dans l’être, comprend-on qu’il n’y a au monde qu’une seule substance ? Ou bien vent-on dire que dans l’homme un, dans le cheval un, dans l’âme une, il n’y a que l’homme, le cheval ou l’âme ? Si l’être n’est que qualité, soutient-on par là qu’il est uniquement chaud, ou uniquement froid, ou telle autre qualité exclusive ? Ce sont là évidemment des points de vue très différents ; mais ils ont ceci de commun qu’ils sont tous également insoutenables.