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un adversaire qui nie les principes sur lesquels la géométrie repose ; il faut le renvoyer à une autre science, qui peut être la science commune de tous les principes ; mais ce n’est plus là une question géométrique. De même, dans la science de la nature, il faut savoir sur quel terrain on se place ; et du moment qu’on dit que l’être est un et immobile, cela revient à dire qu’il n’y a pas de principe, puisque le principe est toujours le principe d’une ou de plusieurs choses qui en découlent. Rechercher si l’unité de l’être est possible au sens où on le soutient, c’est une thèse tout aussi vaine que celles qu’on avance trop souvent pour le simple besoin de la dispute, comme la fameuse thèse d’Héraclite. Autant vaudrait soutenir que le genre humain tout entier se concentre dans un seul et unique individu. Au fond, ce serait donner beaucoup trop d’importance à un argument qui n’est que captieux ; c’est le défaut que présentent les opinions de Mélissus et de Parménide, lesquelles ne reposent que sur des prémisses fausses et ne concluent même pas régulièrement. J’ajoute que la théorie de Mélissus me paraît encore la plus grossière des deux et qu’il n’y a point à s’y arrêter ; car là où l’on rencontre au début une première donnée fausse, il est facile de voir que toutes les conséquences qui en sortent, ne sont pas moins fausses et qu’elles ne méritent pas plus d’attention.

Quant à nous, nous posons comme un principe indiscutable, que dans la nature il y a du mouvement, soit pour toutes les choses, soit du moins pour quelques-unes ; et n’est là un fait fondamental que nous font connaître et l’observation sensible et l’induction réfléchie. Mais ce principe une fois posé, nous ne prétendons pas répondre