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dire, par cette lente incubation, allait se développer par un progrès irrésistible et sûr.

Je n’hésite donc pas, pour ma part, à louer Aristote de sa métaphysique appliquée à la science du mouvement ; et cette méthode est un service de plus dont nous sommes redevables à la Grèce. Oui, avant d’étudier le mouvement, il fallait le définir ; oui, avant de scruter les faits, il était nécessaire de préciser la notion sous laquelle ils apparaissent d’abord à notre intelligence. Il est bien clair que le phénomène a précédé la notion, et que si le philosophe n’avait mille fois senti le mouvement dans le monde extérieur, il est à croire qu’il n’aurait jamais songé à l’analyse d’une notion qu’il n’eût point possédée. Aristote ne se fait pas faute de le dire bien souvent dans ses réfutations contre l’école d’Élée, et il se glorifie, en combattant des paradoxes absurdes, de s’en rapporter au témoignage des sens, qui nous attestent l’évidence irrécusable du mouvement. Mais une fois ce grand fait admis, il faut l’éclaircir par l’analyse psychologique et en considérer tous les éléments rationnels. C’est alors que la métaphysique intervient, et qu’elle remplit son véritable rôle. Elle part d’un fait évident, et elle projette sa clarté supérieure dans ces ténèbres dont la sensibilité est toujours couverte.