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idées de l’espace, du temps, de l’infini et de la nature du mouvement lui-même. À considérer les analyses qu’a faites Aristote de ces idées essentielles, je n’hésite pas à lui donner la préférence ; et j’ajoute même que dans toute l’histoire de la philosophie je n’aperçois rien d’égal. Nul autre après lui n’a repris l’étude de ces idées ni avec plus d’originalité, ni avec plus de profondeur, ni avec plus de délicatesse. Ces notions fondamentales de temps, d’espace, de lieu, d’infini, posent sans cesse devant l’esprit humain ; elles le sollicitent à tout instant et sous toutes les formes ; et depuis vingt-deux siècles, personne n’en a mieux parlé que le disciple de Platon et l’instituteur d’Alexandre. Aujourd’hui même, on ne saurait le dépasser qu’en commençant par se mettre à son école. Je ne dis pas certainement que Descartes ou Newton y eussent rien appris ; mais en écoutant un moment ces leçons de l’antique sagesse, ils se seraient aperçus combien de choses ils avaient eux-mêmes omises, les supposant probablement assez connues, ou trop claires pour qu’il fût nécessaire de les rappeler.

Mais ce n’est pas tout à fait ainsi que procède l’esprit humain. La métaphysique est, dans une certaine mesure, un antécédent obligé de la science