Ainsi, selon Laplace, et en ceci on doit être d’accord avec lui, la fin d’une science d’observation est de se transformer en science rationnelle ; et, pour le prouver, il remarque que la loi de la pesanteur universelle une fois connue, a fait connaître réciproquement certains phénomènes, avant même qu’ils ne fussent observés et régulièrement constatés. La métaphysique, en son genre, n’est guère autre chose ; et Laplace y touchait par la mécanique rationnelle, qu’il recommande et qu’il prise tant.
C’est que Laplace, quoique entièrement livré aux mathématiques, conçoit qu’il y a même au-dessus d’elles une méthode plus générale et plus féconde, qui les emploie à un usage supérieur et qu’elles ne sont plus en état de juger. À ses yeux, la vraie méthode est celle qu’a suivie l’astronomie, qui, de toutes les sciences naturelles, présente le plus long enchaînement de découvertes. L’astronomie a aujourd’hui la vue générale des états passés et futurs du système du monde. Cette méthode véritable consiste à s’être élevée des observations particulières à un principe unique, celui de la pesanteur universelle, et à pouvoir redescendre de ce principe, qui est le vrai, à l’explication de tous les phénomènes célestes jusque dans les moindres détails. Cette méthode de l’astronomie