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Dieu par quelques-uns de ses attributs. Un Dieu sans providence, sans empire, et sans causes finales, n’est autre chose que le destin et la nécessité. Mais la nécessité métaphysique ne peut produire aucune diversité ; et la diversité qui règne en tout quant aux temps et quant aux lieux, ne peut venir que de la volonté et de la sagesse d’un être qui existe nécessairement ; c’est-à-dire Dieu, dont il appartient à la philosophie naturelle d’examiner les œuvres, sans avoir l’orgueil de les rectifier par de vaines hypothèses.

Voilà les grandes idées sur lesquelles s’arrête Newton en achevant son livre, et auxquelles il se fie plus encore qu’à ses mathématiques. Ce sont les mêmes accents que ceux de Platon dans le Timée, d’Aristote dans la Physique et la Métaphysique, de Descartes dans les Principes de la philosophie. Je ne sais pourquoi la science contemporaine s’est plu souvent à répudier ces nobles exemples, et pourquoi elle s’est fuit comme une gloire, et parfois même un jeu, d’exiler Dieu de ses recherches les plus hautes. On ne voit pas trop ce qu’elle y a gagné ; mais on voit très clairement ce qu’y a perdu la vérité et le cœur de l’homme[1].

  1. Madame la marquise Du Chastellet a traduit et commenté l’ouvrage de Newton, deux volumes in-4o, Paris, 1749. Voltaire, qui a aussi commenté Newton, a peut-être exagéré le mérite d’une personne qu’il aimait passionnément; mais ce travail si sérieux et si difficile pour une femme est digne de tout éloge.