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il ne rend peut-être pas assez de justice, le mathématicien fait place au philosophe : et sans rien retrancher à la solidité des théories qu’il a établies par le secours du calcul et de la géométrie, Newton s’avoue qu’il leur manque encore quelque chose. Les grands corps qu’il a si doctement étudiés se meuvent librement dans des espaces incommensurables, qui sont vides d’air, comme la machine ingénieuse de Boyle, et où rien ne gène ni n’entrave leurs immuables et éternelles révolutions. Mais les lois du mouvement, quelque exactes qu’elles soient, ne rendent pas raison de tout. Les orbes célestes y obéissent et les suivent dans leur marche ; mais la position primitive et régulière de ces orbes ne dépend plus de ces lois merveilleuses. Les mouvements uniformes des planètes et les mouvements des comètes ne peuvent avoir des causes mécaniques, puisque les comètes se meuvent dans des orbes fort excentriques, et qu’elles parcourent toutes les parties du ciel. Newton en conclut que cet admirable arrangement du soleil, des planètes et des comètes ne peut être que l’ouvrage d’un être tout puissant et intelligent ; et comme le monde porte l’empreinte d’un seul dessein, il doit être soumis à un seul et même être.