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on s’en tient rigoureusement aux phénomènes ; et l’intelligence regarde comme son effort suprême de les analyser, et de s’en rendre compte sans avoir la présomption dangereuse de les changer en les critiquant. Non, la nature ne fait jamais rien en vain, et cet axiome est profondément vrai et utile. Mais d’où est-il venu ? Est-ce la science moderne qui en a l’honneur ? Elle le croit peut-être ; mais c’est Aristote qui l’a le premier découvert, qui l’a répété à satiété dans tous ses ouvrages, et qui surtout en a fait les plus larges et les plus heureuses applications. Newton l’ignorait, et, selon toute apparence, il ne s’inquiétait pas très vivement de le savoir. Sa grande âme, aussi pieuse qu’éclairée, contemplait, dans tous les phénomènes naturels le sceau de la main divine, et il en a conclu que tout, dans la nature, a un sens et une valeur, et qu’y admettre quelque chose d’inutile, c’est une sorte de sacrilège enté sur une ignorance. Mais Newton n’allait point au-delà, et peu lui importait qu’une si haute et si féconde vérité lui appartint en propre, ou qu’elle fût transmise par la tradition.

La seconde règle à peu près aussi évidente que la première, et qui en est la suite, c’est que les effets du même genre doivent toujours être attribués, autant