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Puis s’élevant contre les philosophes qui ont antérieurement traité de la nature, Cotes ajoute dans une phrase baconienne, « qu’ils ont a laissé les choses pour ne s’occuper que des mots, inventeurs d’un jargon philosophique et non les a auteurs d’une véritable philosophie. » On a pu voir par l’examen que j’ai fait de la Physique d’Aristote jusqu’à quel point ces accusations sont justes et raisonnables ; on a pu voir si Aristote imagine dans les choses des qualités occultes et s’il se borne à de vaines abstractions comme on le lui reproche. Il est vrai qu’on pourrait bien laisser ces accusations orgueilleuses et iniques pour ce qu’elles valent, et ne pas les tirer de l’obscurité qu’elles méritent. Mais ces opinions n’étaient pas uniquement celles de Cotes, et de Newton, qui les souffrait en tête de son œuvre ; elles ont été celles du XVIIIe siècle presque tout entier[1]. En outre elles venaient d’assez haut, et Cotes les trouvait toutes faites dans Bacon, dont l’école remplaçait celle d’Aristote, avec bien moins

  1. Berkeley dans son petit traité De Motu semble bien connaître Aristote et l’apprécier beaucoup, tout on le réfutant assez souvent; mais Montucla, dans son histoire des Mathématiques, ignore absolument qu’Aristote se soit occupé des lois du mouvement.