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lieu en un autre, et il remarque qu’on peut dire en même temps d’une même chose qu’elle se meut et ne se meut pas, selon qu’elle change de lieu à l’égard de certaines choses, et qu’elle n’en change point à l’égard de certaines autres. Ainsi celui qui est assis à la poupe d’un vaisseau que le vent fait marcher, croit se mouvoir quand il ne prend garde qu’au rivage duquel il est parti ; et il croit ne pas se mouvoir quand il ne prend garde qu’au vaisseau sur lequel il est. Aristote avait constaté le même phénomène ; et peut-être avait-il mieux éclairci les choses en distinguant, comme nous l’avons vu, le lieu primitif et le lieu accidentel, l’un où l’objet est immédiatement, l’autre où il n’est qu’indirectement et par l’intermédiaire d’un autre objet.

Mais la définition vulgaire du mouvement ne satisfait pas Descartes, et voici celle qu’il y substitue : « Le mouvement est le transport d’une partie de la matière ou d’un corps du voisinage de ceux qui le touchent immédiatement et que nous considérons comme en repos, dans le voisinage de quelques autres. » Cette seconde définition plaît bien davantage à Descartes, et il la trouve selon la vérité. Ici encore, je ne puis être tout à fait de son avis ; et c’est faire un cercle vicieux que d’expliquer le mouvement