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à cette méprise, elle le mène aussi à repousser la possibilité du vide, tout comme Aristote la repoussait après Platon. Le vide, c’est-à-dire un espace où il n’y a plus de substance, est impossible dans l’univers, attendu que, si le corps est une substance par cela seul qu’il a longueur, largeur et profondeur, il faut en conclure que l’espace qu’on suppose vide est nécessairement aussi une substance, puisqu’il y a en lui de l’extension. Descartes fait en ce qui regarde le vide une distinction verbale tout à fait analogue à celles que fait si souvent le Péripatétisme. Il remarque que dans le langage ordinaire on dit d’un lieu qu’il est vide, non pas pour dire qu’il n’y a rien du tout en ce lieu, mais seulement pour dire qu’il n’y a rien de ce que nous présumons devoir y être. Ainsi, parce qu’une cruche est faite pour tenir de l’eau, nous disons qu’elle est vide, si elle ne contient que de l’air ; un vivier est vide, quand il n’y a pas de poisson, bien qu’il soit plein d’eau ; un navire est vide, quand il n’a que son lest sans marchandises. Mais cette équivoque de l’usage vulgaire ne doit pas faire illusion au philosophe, et pour lui le vide est une chose aussi incompréhensible que le néant.

De cette négation du vide, il sort pour Descartes