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par Aristote, que le lieu demeure quand le corps change et disparaît. Mais il semble croire que cette distinction est purement logique et qu’elle ne tient, comme il le dit, qu’à notre façon de penser. C’est là frayer la voie à l’idéalisme ; et, sur cette pente dangereuse, Descartes se rapproche de Kant, qui fera de l’espace, ainsi que du temps, une des formes de la sensibilité.

J’avoue que je préfère de beaucoup les idées d’Aristote sur l’espace à celles que Descartes avance avec quelque confusion et quelque obscurité. Sans doute il est très difficile de définir l’idée de corps, et la monadologie leibnizienne le prouve bien, quand elle réduit l’idée de corps ou de substance à celle de force. Mais je trouve qu’Aristote en déterminant les principes de l’être, c’est-à-dire la matière et la forme avec la privation, est encore plus près de la réalité que Descartes et Leibniz, et que ce qu’il dit de la nature de l’espace séparé des corps, est à peu près ce que la philosophie a jamais dit de mieux sur ce sujet. Mais je ne cherche pas tant à découvrir les erreurs de Descartes qu’à exposer son système pour le comparer à celui d’Aristote.

Si la confusion du corps et de l’espace conduit Descartes