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irrécusable de la conscience et par la véracité de Dieu, Descartes se demande ce que c’est qu’un corps, comme Aristote s’était demandé aussi quels sont les principes de l’être, et il répond que c’est l’extension seule qui constitue la nature du corps. Le corps n’est qu’une substance étendue en longueur, largeur et profondeur. C’est là, on le sait, une erreur manifeste, et quoique je n’en tire pas du tout les conséquences qu’y a vues la malveillance des adversaires du cartésianisme, je n’hésite pas à reconnaître que Descartes s’est trompé sur la notion du corps. Je suis étonné qu’il ne s’en soit pas aperçu lui-même, en voyant que cette définition le menait à confondre inévitablement l’espace et les corps que l’espace renferme. En effet, Descartes trouve que l’espace, qu’il appelle aussi le lieu intérieur, et le corps compris en cet espace, ne diffèrent que par notre pensée. La même étendue en longueur, largeur et profondeur, qui constitue l’espace constitue aussi le corps, et la seule différence entre eux consiste en ce que nous attribuons au corps une étendue particulière. Le corps est à l’espace où il est contenu comme l’espèce est au genre. Cependant Descartes ne méconnaît pas qu’entre le corps et l’espace ou le lieu, il y a cette distinction essentielle, déjà signalée